Une foi vivante
Avant de quitter l’Ile Maurice, je tenais à partager quelque chose qui m’a vraiment impressionné pendant toutes ces années : il s’agit de la foi des mauriciens.
La France se targue d’être la championne du monde de l’athéisme.
Est-ce que le pays vit mieux ? Non, loin sans faux ! Est-ce que les gens sont plus heureux ? Le recours massif aux psychologues et aux anxiolytiques semblent indiquer que non.
A contrario, à l’Ile Maurice, la foi a droit de cité. Chacun a le droit de l’exprimer publiquement sans que cela choque. Les fêtes religieuses (Thaipoosam Cavadee pour les tamouls, Eid-ul-Fitr pour les musulmans, Assomption pour les catholiques) se fêtent aussi dans l'espace public (rues, municipalités, entreprises). Tout le monde se souhaite bonne fête. C’est joyeux, c’est chaleureux.
La foi s’exprime aussi bien dans les grands rassemblements (tel que Maha Shivaratree ou bien Pèlerinage Père Laval) que dans la sphère dite « privée ». Ainsi, les mauriciens ont souvent des lieux de prière dédiés dans leur cour ("mandir" pour les hindous, "grotte" pour les catholiques). Dans les maisons, les images pieuses et les statues en tout genre se côtoient. En un mot, le sentiment religieux peut s’exprimer librement. Personne ne se sent agressé ! Personne n’a l’impression de subir un prosélytisme malséant. Chacun se sent respecté dans sa foi ou dans sa non foi.
Pour finir sur ce sujet, je voudrais vous partager quelques faits qui m’ont profondément marqué.
Pendant presque 5 ans, j’ai célébré la messe dans ma paroisse Notre Dame du Rosaire à 6h30 (soit le jeudi, soit le lundi). Le matin, les portes de l’église sont grandes ouvertes. Du coup, lorsque je suis à l’autel, non seulement je vois les paroissiens en face de moi, mais je vois également tout ce qui se passe dans la rue. Et voilà ce que j’ai vu voir régulièrement.
J’ai vu des hommes qui partaient au travail à vélo. En passant devant l’église, ils se signaient (signe de croix pour ceux qui ne sauraient pas).
J’ai vu des femmes qui faisaient leur jogging. Elles s’arrêtaient, elles entraient dans l’église, priaient quelques minutes, puis reprenaient leur route afin de continuer leur entrainement sportif.
J’ai vu fréquemment un artisan, laissant rapidement sa voiture au pied de l’église, entrer et s’agenouiller. Il restait jusqu’à la communion puis remontait dans son véhicule et repartait en trombe.
J’ai vu des enfants d’une douzaine d’années (venant seuls), assister à la messe, avant de se rendre à l’école toute proche.
Enfin j’ai vu une vieille femme de religion hindou, s’arrêter au pied de l’église, embrasser les marches, saluer à la manière hindou et puis reprendre son chemin.
Waouh. Et bien mes amis, je peux vous dire, que tous ces petits moments privilégiés m’ont aidé à grandir humainement et spirituellement. Alors merci à tous ces anonymes qui ont été de vrais témoins pour moi.