Sacrement de réconciliation, pourquoi se confesser ?
Ceci est un article de fond qui essaie de traiter la question dans son ensemble. Prenez-le temps de le lire jusqu’au bout.
Pourquoi se confesser ? A quoi ça sert ? On ne parle pas souvent de la confession et cela reste souvent quelque chose d'un peu effrayant. Nous avons aussi beaucoup de fausses idées à son sujet. Cet article est fait pour vous.
Je vous propose de voir d’abord l’origine de ce sacrement. Ensuite vous comprendrez ce qu’il n’est pas, puis ce qu’il est. Enfin dans une dernière partie, vous pourrez lire quelques réponses à des questions courantes.
La « confession » a évolué au cours des âges. On peut dire qu’il y a eu 4 phases.
- Première phase.
D’abord, à la naissance de l’Église, il n’y avait que deux sacrements : le baptême et l’eucharistie. Ainsi, il n’y avait pas de sacrement de réconciliation en tant que tel au premier siècle. C’est pourquoi, le baptême était considéré comme offrant le pardon des péchés. On le recevait à l’âge adulte.
Néanmoins cela n’empêchait pas le baptisé de commettre des péchés après le baptême. Alors l’Église, en vertu du principe évangélique (Matthieu 18,18), autorisa une cérémonie publique de réconciliation. Le chrétien ne pouvait recourir à ce rituel qu’une seule fois dans la vie. Et les peines données par l’évêque étaient extrêmement sévères. Les chrétiens ont donc peu à peu désertés ce sacrement car jugé trop difficile. Certains attendaient d’être au seuil de la mort pour demander le pardon. Cette pratique devenue inadaptée, était à bout de souffle. C’est pourquoi elle prit fin au VIe siècle.
- Deuxième phase.
C’est donc début du VIIe siècle, au moyen-âge, que l’Église va proposer la "pénitence tarifée". C’est à l’initiative de saint Patrick et saint Colomban, deux moines irlandais, que selon la gravité du péché, la pénitence va être adaptée.
- Troisième phrase.
À partir du XIIIe siècle, la célébration de la confession devient privée et renouvelable. C’est au concile du Latran IV en 1215 que l’Église fixe les règles pour la confession. Les fidèles sont invités à se confesser et au moins une fois par an.
- Quatrième phase.
En 1973, le Concile Vatican II apporte de nouvelles évolutions au sacrement. Ainsi, il est proposé trois formes de célébration : la célébration à deux, le prêtre et le pénitent (A) ; la célébration collective avec aveu individuel et absolution individuelle (B) ; la célébration collective avec confession et absolution collectives (C). La forme C est présentée comme une sorte de concession : elle doit être "extraordinaire" et les fautes "graves" devront être confessées individuellement. Cette troisième forme doit être réservée à des cas exceptionnels (impossibilité de réunir un nombre suffisant de prêtres pour entendre les confessions individuelles, dans un pèlerinage par exemple).
Ce que n’est pas le sacrement de réconciliation
Nous avons tous des idées plus ou moins bonnes sur ce sacrement. Il est temps de démêler le vrai du faux.
- Contrairement à ce que l’on croit souvent, le sacrement de réconciliation ce n’est pas simplement se confesser, dire ses péchés. J’expliquerai cela un peu plus loin.
- Le sacrement de réconciliation, ce n’est pas non plus le tribunal où l’on vient recevoir une sentence.
- Enfin le sacrement de réconciliation, ce n’est pas oublier ce qui s’est passé, mais se réconcilier avec soi, avec les autres et avec Dieu.
La réconciliation, un signe qui en dit long.
Le sacrement de réconciliation porte différents noms, et chacun apportent un sens complémentaire :
- Sacrement de conversion, car c’est à travers ce sacrement que l’on entre dans une démarche de conversion (Mc 1, 15 et Lc 15, 11-32) ;
- Sacrement de pénitence, parce que lors du sacrement le prêtre nous donne une pénitence ;
- Sacrement de la confession, parce que nous sommes invités à avouer nos péchés ;
- Sacrement du pardon, parce que par l’absolution du prêtre, le pénitent s’ouvre au pardon et à la paix de Dieu ;
- Sacrement de la réconciliation, car par lui nous sommes réconcilier en Dieu et avec Dieu (2 Co 5, 20).
Prenons un peu de temps pour expliciter ces différentes significations.
Le sacrement de réconciliation commence bien avant de se retrouver devant le prêtre. En effet, il s’agit d’abord d’avoir un « très grand regret ». J’ai conscience que j’ai fait ce qui est mal aux yeux du Seigneur (voir le Psaume 50). Cette étape de la contrition, c’est-à-dire le fait que l’on regrette sincèrement ses péchés, est essentielle. Il ne s’agit pas de remords. C’est bien plus que cela. C’est le regret d’avoir bafoué l’amour de Dieu ; de ce regret, surgit alors le désir de réparer la relation blessée. C’est à ce moment que peut intervenir la confession devant un prêtre.
La confession des péchés est un acte religieux dans lequel la personne reconnaît son péché. On parle de l’aveu des fautes. Le pénitent s’accuse donc de telle ou telle chose parce que pour pouvoir être pardonné, il faut d’abord reconnaître sa faute, la nommer. La verbalisation permet ainsi une certaine objectivité et aide à se regarder en vérité. Il ne suffit donc pas de se reconnaître pécheur, il nous faut encore reconnaître notre péché, chacun de nos péchés. Et si les péchés que nous commettons nous éloignent de Dieu, leurs confessions nous en rapprochent. Mais attention. Souvent on pense que l’aveu des péchés est central. En réalité, ce qui est central dans ce sacrement, c’est la confession de foi. En effet, le pénitent comme le prêtre, reconnaissent d’abord l’amour de Dieu. Ils confessent, ils disent, ils proclament la sainteté de Dieu et son infinie miséricorde envers l’homme pécheur. Ils confessent tous les deux que l’amour est plus grand que le péché. « Devant lui nous apaiserons notre cœur, si notre cœur venait à nous condamner, car Dieu est plus grand que notre cœur, et il connaît tout » (1 Jn 3,19-20). C’est donc la foi en Dieu qui permet ensuite de prendre conscience que nous sommes pécheurs. Se confesser est alors un grand acte de foi : « Voyant leur foi, Jésus dit au paralysé : "Mon fils, tes péchés sont pardonnés" » (Mc2, 5). Dieu ne nous demande pas d’être parfaits mais il nous invite à un véritable effort pour continuer à croire en son amour et sa capacité à nous pardonner.
L’aveu des fautes est donc un premier pas comme on l’a vu, mais cela reste insuffisant. Le pécheur doit encore faire quelque chose pour réparer ses péchés. C’est ce qu’on appelle « satisfaction » ou « pénitence ». La pénitence est imposée par le confesseur (le prêtre qui confesse) et doit tenir compte de la situation personnelle du pénitent. Cette pénitence vise à la réparation de la faute commise. Il ne s’agit pas bien évidemment de payer le pardon mais de réparer les effets du péché et de stimuler le chrétien pour qu’il mène une vie chrétienne renouvelée. La réparation peut être d’abord matérielle, car le vrai repentir nécessite, dans la mesure du possible de faire cesser ou de réparer les dommages ou les scandales causés par le péché. Mais la réparation se passe aussi dans le cœur du pénitent : il s’agit de changer les mauvaises habitudes. Cette pénitence et cette réparation sont donc le signe de la « conversion » à laquelle le Christ nous a tous appelés : « Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle » (Mc 1, 15). C’est donc la démarche de revenir au Père dont on s’est éloigné par le péché. (voir Catéchisme de l’Église Catholique au numéro 1423)
À la fin de la rencontre, le prêtre imposera la main sur le pénitent et dira « Que Dieu notre Père vous montre sa miséricorde ! Par la mort et la Résurrection de son Fils, il a réconcilié le monde avec lui et il a envoyé l’Esprit Saint pour la rémission des péchés ; par le ministère de l’Église, qu’il vous donne le pardon et la paix ! Et moi, au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, je vous pardonne tous vos péchés. »
Ce simple geste a une portée immense. Il est d’abord libérateur. En effet, bien souvent, il est difficile de se pardonner soi-même car nous jugeons notre péché en fonction d’une loi ou même peut être en fonction de notre idéal de justice. Le problème c’est que la loi condamne et dénonce le péché, mais elle ne peut le pardonner. De fait, nous restons enfermés dans notre péché. C’est pourquoi, dans le sacrement de réconciliation, se mettre face à l’amour de Dieu, nous libère de notre péché. Mais au-delà d’une libération psychologique, le sacrement nous donne la certitude que le pardon est donné et qu’il nous rétablit dans la relation de fils. Ainsi, s’en remettre à la miséricorde de Dieu, c’est permettre à l’autre de continuer à nous regarder avec amour. Alors réellement, nous pouvons repartir dans la paix et la joie pour mener une vie nouvelle. Dieu ne refuse jamais son pardon à celui qui vient le lui demander sincèrement, même après maintes chutes et rechutes. L’amour est sans cesse proposé car la miséricorde de Dieu est abondante. Mais il respecte notre liberté. Nous pouvons dire, en un certain sens, que Dieu nous a déjà pardonné. Mais pour que ce pardon soit effectif, il faut que nous y consentions.
Dieu pardonne, mais il y fait plus que cela : il change le cœur, il restaure la liberté chrétienne, il rétablit l’amitié avec lui, il renouvelle l’amour filial ; il donne la chance de partager à nouveau sa vie. Bref, il permet ce chemin qui nous réconcilie avec lui. Par conséquent, avec la réconciliation, nous participons à la joie de Dieu car « c’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de conversion. » (Luc 15,7).
En conclusion, s’il y a une chose que vous devez retenir de cet article, c’est ceci : Ce qui est au cœur du sacrement de réconciliation, ce n’est pas notre péché, c’est l’amour de Dieu.
Questions – réponses
Vous vous posez sans doute encore beaucoup de questions, voilà peut-être des réponses qui pourraient vous rassurer.
- Pourquoi se confesser à un prêtre et ne pas parler à Dieu directement ?
- J’ai honte de mon péché, est-ce que le prêtre va me juger ?
- Pourquoi se confesser si on recommence après à commettre les mêmes péchés ?
- Ce que je dis est-il vraiment secret ? Le prêtre ne va-t-il pas me dénoncer ?
- Une confession dure combien de temps ?
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