Quelle place pour les femmes dans l'Eglise
Ceci est un article de fond qui essaie de traiter la question dans son ensemble. Prenez-le temps de le lire jusqu’au bout.
Une internaute m'a posé la question suivante : « Pouvez-vous m'éclairer sur les différents états et les différentes fonctions des femmes dans la religion catholique ».
La question est pertinente même si l'énoncé n'est pas tout à fait correct et nous verrons pourquoi. Cette question est à deux niveaux, qui sont à la fois distincts et liés. Nous allons donc y répondre en deux temps.
PREMIERE PARTIE DE LA REPONSE
Dans l'Église Catholique on peut dire qu'il y a seulement deux états : l’état laïc et l’état clérical.
- Les clercs ce sont les diacres, les prêtres et les évêques.
- Les laïcs se sont tous les autres, c'est-à-dire ceux qui ne sont ni diacre, ni prêtre, ni évêque.
À cette distinction, il faut ajouter quelques précisions.
- Précision générale.
Tous les clercs sont des hommes.
Parmi les laïcs, il y a des hommes et des femmes.
- Précisions par rapport aux clercs.
La cléricature (c'est à dire le fait d'être un clerc) est réservée aux hommes. Les femmes n'accèdent pas à la cléricature dans l'Église Catholique Romaine.
Les diacres dit "permanents" sont des hommes mariés ou non.
Les diacres (en vue de la prêtrise), les prêtres et les évêques sont tous des hommes célibataires.
- Précisions par rapport aux laïcs.
Au sein des laïcs, il y a deux "états" :
- Les fidèles laïcs (célibataires ou mariés)
- Les consacrés, c'est à dire ceux qui ont voué leur vie à Dieu dans un institut de vie ou une congrégation.
Un institut de vie consacrée est un type d'organisation religieuse dont les membres (pères, frères, sœurs) prononcent des vœux religieux, ou éventuellement d'autres formes d'engagements envers Dieu. Au niveau juridique, ces instituts dépendent de la congrégation pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique.
Sous cette dénomination on trouve :
- Les moines ou les moniales (religieux vivant en communauté). Ils restent dans des monastères ou des couvents. Exemple : Bénédictins, Carmélites.
- Les ordres mendiants associent la prière et les œuvres de charité. Ils vivent en communauté mais sortent dans le monde. Ils sont dirigés par un ou une supérieur(e) général(e) et s'organisent en provinces. Exemple : Franciscains, Clarisses.
- Les sociétés de vie apostolique dont les membres (prêtres, frères ou sœurs) ne prononcent pas de vœux religieux contrairement à ceux des instituts de vie consacrée ou des instituts séculiers et ne sont donc pas considérés comme religieux. Exemple : Lazaristes, Filles de la Charité.
- Les congrégations religieuses laïques sont des communautés de laïques dédiées principalement à l'instruction des enfants et des jeunes, aux soins des malades. Pour les hommes, la congrégation laïque masculine exclue le sacerdoce pour leurs membres. Exemple : Frères des écoles chrétiennes
- Les instituts séculiers approuvés par l'Église en 1947 dont les membres continuent à vivre selon le mode de vie séculier qui leur est propre. Les Instituts séculiers peuvent être cléricaux ou laïques, masculins ou féminins. Exemple : Fraternité Jésus Caritas (femmes), Notre-Dame de Vie (hommes, femmes, prêtres), Institut Christ-Roi
DEUXIEME PARTIE DE LA REPONSE
Le rôle des femmes dans l'Église Catholique
D’abord il faut examiner les chiffres qui nous éclairent sur une certaine réalité.
- En 2016, il y a 414.313 prêtres dans le monde dont 0 femme. Cela s’explique par le fait que la cléricature est réservée aux hommes.
- En 2016, il y a 891.583 religieux dans le monde, dont 702.529 femmes et 189.054 hommes (religieux non prêtres 54.559, religieux prêtres 134.495)
- Sur les 100.000 catéchistes que compte France, 98% sont des femmes.
- Pour la messe dominicale, on peut voir qu’à peu près trois quarts des fidèles sont des femmes.
Ces chiffres montrent l’importance numérique des femmes dans l'Église Catholique. Mais quel est leur rôle, quelle place occupent-elles ?
Les femmes peuvent occuper certaines places. Elles sont catéchistes dans les paroisses ou bien professeures dans les universités catholiques. Elles peuvent participer aux synodes diocésains. Elles sont invitées comme experts lors des synodes romains, et des réunions des conférences épiscopales nationales, mais ne peuvent participer aux votes (comme les laïcs hommes).
L’Église recrute de plus en plus de femmes pour devenir aumôniers de l’enseignement public, APS dans les écoles privées. Elles sont de plus en plus nombreuses à avoir la charge pastorale dans les hôpitaux et les prisons.
Pour le cas particulier de la France, des postes de hautes responsabilités sont ouverts aux femmes : délégués épiscopaux ou diocésains, membres du conseil épiscopal, économes ou chanceliers. Cependant elles ne représentent que 25% de ces postes.
En Allemagne, en 2015, les femmes représentaient 12,7 % des postes de direction directement liés aux évêques (5 % seulement en 2005). Elles étaient 19 % pour des postes de direction intermédiaire.
CONCLUSION ET ÉLARGISSEMENT
On peut donc conclure que, si les femmes sont numériquement plus importantes que les hommes, leur rôle reste relativement faible. Disons plus justement, que les fonctions qu’elles occupent sont plus de l’ordre du service de base, que de la responsabilité de participer aux décisions de l’Église institutionnelle.
Ceci s’explique facilement par la structure même de l’Église. En effet, le pouvoir d’ordre (c’est-à-dire le fait de « décider ») est réservé aux clercs. Puisque l’Église est dirigée par des clercs cela exclu de fait les femmes, aux postes de décision.
L’hypertrophie du rôle du clerc explique le fait que les femmes ont peu accès aux postes à responsabilité dans les décisions de l’Église. Si le pouvoir d’ordre était séparé de la cléricature, cela permettrait une autre manière de concevoir l’Église. Si l’Église fonctionnait plus de manière collégiale avec une participation plus active des laïcs aux décisions, alors les femmes se verraient octroyer plus de responsabilités dans les décisions qui orientent la marche de l’Église. Il y a eu un début d’ouverture avec le Concile Vatican II (voir chapitre 4 de la constitution Lumen gentium) cependant le chemin a été à peine esquissé et il reste encore tout un travail à faire pour reconnaître la place des laïcs dans l’Église, comme partenaires responsables.
SOURCES
Pour les statistiques :
Des articles :
Dans Publicroire
Dans LaCroix
Dans Wikipedia
A propos de la question de la place des laïcs dans l’Église Cliquez ici