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Au Spiritain Riant

Les médias et l'Eglise Catholique

24 Août 2017 , Rédigé par Tristan Publié dans #Réflexion faite

En surfant sur le net je suis tombé sur cet article du site Aleteia qui reprenait la lettre du Père Martin Lasarte adressée au New York Times.

 

Le Père Martin Lasarte, salésien d’origine uruguayenne, travaille comme missionnaire en Angola. Il dénonce le traitement journalistique du New York Times et on pourrait en dire de beaucoup d'autres quotidiens.

 

Le quotidien américain n'a pas daigné publier ce courrier qui a été repris par le site argentin "Enfoques Positivos" avec un succès phénoménal.

Cher frère journaliste,

Je suis un simple prêtre catholique. Je me sens heureux et fier de ma vocation et cela fait vingt ans que je vis en Angola comme missionnaire.

Je constate dans de nombreux médias, surtout dans votre journal, une recrudescence des articles consacrés aux prêtres pédophiles, toujours sous un angle morbide, scrutant dans leurs vies les erreurs du passé.

Il y en eut dans telle ville des États-Unis dans les années 70, dans telle paroisse australienne dans les années 80, et ainsi de suite jusqu’aux exemples les plus récents… Tous condamnables c’est une certitude !

Certaines présentations journalistiques sont pondérées et équilibrées. D’autres exagèrent, causent un préjudice, sèment la haine. Je ressens moi-même une grande douleur pour le mal immense que provoquent ces personnages qui devraient être des signes vivants de l’Amour de Dieu. Ils infligent un coup de poignard à la vie de trop d’êtres innocents. Il n’y a pas de mots pour justifier de tels actes. Il n’y a pas de doute non plus sur le soutien que l’Église prodigue aux faibles et aux plus démunis. Pour cette raison, sa priorité absolue demeurera toujours d’adopter et de promouvoir toutes les mesures nécessaires pour la prévention et la protection de la dignité des enfants.

Je m’étonne de lire si peu de nouvelles au sujet de ces milliers de prêtres qui sacrifient leur vie et s’épuisent pour des millions d’enfants et d’adolescents, riches ou pauvres, choyés ou défavorisés, aux quatre coins du monde.

Je pense que le New York Times ne sera donc pas intéressé d’apprendre :

Que j’ai dû transporter des dizaines d’enfants faméliques par des chemins minés à cause de la guerre de 2002, entre Cangumbe et Lwena (Angola), car le gouvernement ne pouvait le faire et les ONG n’y étaient pas autorisées ;

Que j’ai dû enterrer des dizaines d’enfants morts pendant leur exode pour fuir la guerre ;

Que nous ayons sauvé la vie de milliers de personnes dans le Moxico grâce au seul centre de santé existant dans une zone de 90 000 km2, en distribuant de la nourriture et des semences ;

Que nous ayons pu fournir éducation et écoles à plus de 110 000 enfants au cours de ces dix dernières années ;

Il demeure sans intérêt qu’avec d’autres prêtres, nous ayons eu à secourir près de 15 000 personnes dans les campements de la guérilla, après qu’ils aient rendu les armes, parce que les aliments du gouvernement et de l’ONU n’arrivaient pas ;

Ce n’est certainement pas une nouvelle intéressante qu’un prêtre de 75 ans, le père Roberto, parcoure encore la ville de Luanda, soignant les enfants des rues, les conduisant à un foyer d’accueil, pour qu’ils soient désintoxiqués de l’essence qu’ils avalent pour gagner leur vie comme cracheurs de feu ;

L’alphabétisation de centaines de prisonniers n’est probablement pas non plus une information cruciale ;

Comme il est inutile de savoir que d’autres prêtres, comme le Père Stéphane, organisent des auberges de jeunesse pour servir de refuge aux jeunes maltraités, battus, et même violés ;

Il n’est pas davantage intéressant que le père Maiato, de haut de ses 80 ans, visite les maisons des pauvres, une à une, réconfortant les malades et les désespérés ;

Ce n’est pas une information non plus que près de 60 000 prêtres – sur les 400 000 prêtres et religieux du monde – aient quitté leurs pays et leurs familles pour servir leurs frères dans une léproserie, des hôpitaux, des camps de réfugiés, des orphelinats. De soigner les enfants accusés de sorcellerie ou orphelins de parents morts du sida. De gérer des écoles pour les plus pauvres, des centres de formation professionnelle, des centres d’accueil pour les séropositifs, etc.

Sans parler de ceux qui dépensent leur vie dans des paroisses et des missions, à motiver les gens pour mieux vivre et surtout pour aimer ;

Ce n’est pas une information que mon ami, le père Marc-Aurèle, pour sauver des enfants pendant la guerre en Angola, les ait transportés de Kalulo à Dondo et qu’il ait été mitraillé sur le chemin du retour de sa mission. Ou que le Frère François avec cinq dames catéchistes, soient morts dans un accident en allant aider des régions rurales les plus reculées du pays ;

Que des dizaines de missionnaires en Angola soient morts d’une simple malaria, faute de moyens sanitaires ;

Que d’autres aient sauté sur une mine, en visitant leurs fidèles (dans le cimetière de Kalulo se trouvent les tombes des premiers prêtres qui sont arrivés dans la région : aucun n’a dépassé les 40 ans) ;

Ce n’est pas vendeur de suivre un prêtre « normal » dans son travail quotidien, dans ses difficultés et ses joies, dépensant sa vie sans bruit en faveur de la communauté qu’il sert.

La vérité, c’est que nous ne cherchons pas à créer l’information, mais simplement à porter la Bonne Nouvelle, cette Nouvelle qui, sans bruit, a commencé à faire parler d’elle au cours de la nuit de Pâques. Un arbre qui tombe fait plus de bruit que mille arbres qui poussent.

On fait beaucoup plus de bruit pour un prêtre qui commet une faute, que pour des milliers qui donnent leur vie pour les pauvres et les indigents.

Je ne prétends pas ici faire l’apologie de l’Église et de ses prêtres.

Un prêtre n’est ni un héros ni un névrosé. Il est simplement un homme normal qui, avec sa nature humaine, cherche à suivre Jésus et à Le servir dans ses frères.

Chez les prêtres, il y a de la misère, de la pauvreté et des fragilités comme chez tous les êtres humains ; mais il y a également de la beauté et de la grandeur comme en chaque créature. Insister d’une manière obsessionnelle et persécutrice sur un thème douloureux, en perdant de vue l’ensemble de l’œuvre, esquisse volontairement des caricatures offensantes pour le sacerdoce catholique, et par lesquelles je me sens offensé.

Je te demande seulement, ami journaliste, de rechercher la Vérité, le Bien et la Beauté. Ainsi tu grandiras avec noblesse dans ta profession.

Dans le Christ,

Père Martin Lasarte, SDB

Pour retrouver l'article orignal, c'est ICI

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