Chrétien ou crétin ? Une lettre qui peut tout changer
Halte aux panneaux moralisateurs et venimeux !
Je me suis inscrit sur Facebook en 2014. Et depuis près de de six mois, je remarque que de plus en plus d’utilisateurs chrétiens postent des panneaux plein de rage, de dégout et même de menace.
Il fallait qu'à un moment donné, je mette mon grain de sel pour dénoncer ce qui me semble être un comportement aux antipodes de l’Évangile.
Mais de quoi je parle, me direz-vous. Et bien voilà ces fameux panneaux qui fleurissent un peu partout :
C’est insensé et c’est choquant. En effet, tous ces panneaux vont à l’encontre de l’enseignement non seulement de la Bible mais aussi de l’enseignement du Christ. On pourrait s’attendre à mieux de la part de ceux qui se disent attachés à sa parole et à sa miséricorde. Voilà quelques points qui peuvent nous faire réfléchir.
- On trouve un très grand nombre de panneaux qui dénoncent ceux qui critiquent. On peut donc en conclure que toute critique est mauvaise. Au nom du respect, il faut tolérer. Pourtant quand quelque chose est mauvais, et qu’il y a effectivement des raisons objectives pour que l’on juge ainsi, alors c’est défendre la vérité. Défendre la vérité, c’est bien être disciple du Christ : « Si vous demeurez fidèles à ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; alors vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres. » (Jean 8,31-32) Et aussi « Celui qui fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dénoncées ; mais celui qui fait la vérité vient à la lumière, pour qu’il soit manifeste que ses œuvres ont été accomplies en union avec Dieu. » (Jean 3,20-21)
- On peut apercevoir également beaucoup de mise en garde sur le fait qu’il faudra un jour rendre des comptes. C’est du style « Tout se paye ! » autrement dit, « je vais me venger » ou bien « Je sais qu’il y a une force dans l’univers qui va me venger. » Cela ne relève en rien de la justice et de l’équité. Il n’y a rien de chrétien dans cette parole dans la mesure où le Christ lui-même a refusé que Pierre lève l’épée. Après avoir été jugé, condamné, torturé puis crucifié, Jésus lui-même a prié pour ses bourreaux « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font. » (Luc 23,34). Par conséquent, le vrai disciple ne rend pas le mal pour le mal. Jésus-Christ est très clair sur cette question : « Je vous le dis, à vous qui m’écoutez : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient. À celui qui te frappe sur une joue, présente l’autre joue. À celui qui te prend ton manteau, ne refuse pas ta tunique. Donne à quiconque te demande, et à qui prend ton bien, ne le réclame pas. Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux. » (Luc 6,27-31)
- Facebook est devenu la grand-place où l'on dénonce sois disant l’hypocrisie. Mais n’est-ce pas un peu hypocrite d’utiliser Facebook pour régler ses comptes ? Si j’ai un reproche à faire à quelqu’un, je vais le voir et dans la paix, je vais discuter avec lui. C’est ce que nous appelons la correction fraternelle. Jésus nous la recommande particulièrement : « Si ton frère a commis un péché contre toi, va lui faire des reproches seul à seul. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère. » (Matthieu 18,15). Ne pas être capable d’aller dire à son frère ce que l’on a sur le cœur c’est justement là l’hypocrisie suprême. Et malheureusement nous tombons bien souvent dans le piège dénoncé par le Christ « Hypocrite ! Enlève d’abord la poutre de ton œil ; alors tu verras clair pour enlever la paille qui est dans l’œil de ton frère. » (Matthieu 7,5)
- Le vocabulaire est souvent violent. On nous appelle à « ignorer » quelqu’un, à « supprimer » de nos vies ceux qui nous fatiguent. C’est d’une certaine manière la voie de la facilité. Je ne cherche pas à comprendre l’autre. Je ne cherche pas à connaître les raisons de ses actions ou de ses silences. Je me mure dans le silence. Je me recroqueville sur moi-même. Du coup je deviens sourd à tout appel, je deviens aveugle à toute détresse et je m’enferme dans ma tour d’ivoire. Cette manière de vivre est bien à l’opposé de que nous invite à vivre le Christ. Relisons le fameux enseignement du bon samaritain. De qui me suis-je fait proche ? Voilà l’attitude chrétienne par excellence. (Luc 10,29-37)
- On nous invite à diviser le monde en deux camps : le camp de ceux que l’on apprécie et avec qui nous communiquons et puis le camp immense de ceux que l’on n’aime pas et à qui on tourne le dos. Pourtant, c’est tout à fait contraire à l’enseignement de Jésus-Christ « Eh bien ! moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. » (Matthieu 5,44-45)
- Enfin pour terminer, souvent ces petits panneaux nous invitent à calquer notre manière d’être sur celle des autres. Si les gens sont gentils je serais gentil et s’ils sont méchants, je le serais aussi. C’est là un raisonnement non seulement puéril mais anti-évangélique. Le Seigneur n’a pas attendu que nous soyons parfaits pour nous aimer et nous pardonner. C’est lui qui fait toujours le premier pas. De-même, nous aussi, nous sommes appelés à toujours faire le premier pas. Jésus nous invite à dépasser la simple réciprocité : « En effet, si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? Les publicains eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? Et si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait. » (Matthieu 5,46-48)
Alors que faire ? D'abord le chrétien ne se résigne pas face au mal. Animé par l'espérance, il le combat. Animé par l'espérance le chrétien n'attend pas que les autres agissent et commence par se transformer pour transformer le monde. Animé par l'espérance, le chrétien voit en chaque être humain, un frère ou une sœur qui peut grandir, un frère ou une sœur qu'il peut aimer. Maintenant je vous invite, je nous invite, à faire vôtre, l'attitude de l’Abbé Pierre. Que son encouragement nous pousse à être de véritable disciple du Christ. Je vous laisse déguster son petit texte qui est une merveille.
Version texte :
Je continuerai à croire, même si tout le monde perd espoir. Je continuerai à aimer, même si les autres distillent la haine. Je continuerai à construire, même si les autres détruisent. Je continuerai à parler de paix, même au milieu d'une guerre. Je continuerai à illuminer, même au milieu de l'obscurité. Je continuerai à semer, même si les autres piétinent la récolte. Et je continuerai à crier, même si les autres se taisent. Et je dessinerai des sourires sur des visages en larmes. Et j'apporterai le soulagement, quand on verra la douleur. Et j'offrirai des motifs de joie là où il n'y a que tristesse.