Koh-Lanta versus Mission catholique
Cela faisait un petit moment que je voulais écrire sur un sujet qui me tient à cœur, mais je ne trouvais, ni le courage, ni le temps, ni surtout l’angle de départ.
Et puis cette semaine j’ai vu trois choses qui m’ont marqué :
- La première, c’est en allant sur YouTube. Je cherchais la fameuse chanson de Jean-Jacques Goldman intitulée « tu es de ma famille ». Tout en l’écoutant, j’ai lu le commentaire d’un internaute qui disait ceci : « JJG c'est le meilleur, le boss et sûrement le plus humaniste des artistes et le plus proche des simples gens comme nous. Je pense que c'est pour ça que Coluche lui a demandé d'écrire la chanson des Restos car il avait décelé son humanité. »
- La deuxième chose marquante, c’était un reportage sur le travail formidable des ONG en République de Centrafrique.
- Enfin la troisième chose, c’est un bout de bravoure dans l’émission de téléréalité Koh-Lanta.
Alors voilà. J’aime JJG, j’adore Coluche, et il est vrai que les ONG font un grand travail. Cependant, il y a quelque chose qui m’agace. C’est de prendre toutes ces personnes, ou ces associations, comme des modèles. Car, merde, ils ne donnent qu’un coup de main ponctuel, non seulement de temps en temps mais les projecteurs ne sont jamais loin, les journalistes de tout poil sont là pour vanter, louer les mérites des uns et des autres. Nos journalistes sont la nouvelle congrégation pour la Cause des Saints. Ce sont eux qui nous disent quels doivent être nos modèles.
J’aimerais que de temps en temps, ces mêmes journalistes, relatent les exploits d’un Saint Maximilien Kolbe ou d’un Abbé Pierre.
Et puis il y a Koh-Lanta et toutes les autres émissions de téléréalité et d'aventure. Là, on nous montre des gens prêt à tout ! C’est beau le sport, c’est beau l’aventure. Mais finalement ils sont prêts à quoi ? Pourquoi font-ils tout cela ? En réalité, ils sont surtout prêts à se donner en spectacle afin de gagner les 100000 € de prime. On s’extasie devant leur courage à manger des sauterelles, on s’enthousiasme pour leurs performances sportives, on se pâme devant leur esprit d’équipe.
Ok ! Eh bien, tout cela je l’ai fait quand j’étais en mission en Centrafrique. J’ai mangé des vers et d’autres choses ragoutantes, non pas pour décrocher le jackpot ou pour en mettre plein la vue mais tout simplement parce que c’était ce que me partageait les gens. Et pas un seul instant je me suis vu comme un héros des temps modernes en faisant cela. J’ai mangé ce qu’on m’offrait, avec cœur. J’ai fait du « sport automobile » avec mon 4x4 sur des routes qui n’en sont pas et des ponts bousillés parce qu’il n’y a pas d’argent pour les réparer. Je ne le faisais pas par esprit sportif mais parce que c’était la seule route pour rejoindre une population abandonnée de tout et de tous. Enfin, j’ai apprécié l’aspect communautaire de nos rencontres. Je ne partais jamais seul, toujours avec un équipier, et toujours à la rencontre d’une communauté humaine qui faisait front pour vaincre la misère et l’ignorance. J’étais prêt à tout, même à donner ma vie, non pas pour que cela soit vu par des millions de téléspectateurs mais simplement parce que c’était nécessaire.
Je parle de moi, veuillez m’excuser. Nous ferions mieux de parler de tous mes frères spiritains qui donnent leur vie chaque jour sans publicité.
Qui connait l’histoire du Père Leperdriel ? Qui connait l’histoire de Jean-Étienne Wozniak ? Personne ! Pourtant, chacun à leur manière, ont été des héros de notre temps. Voilà leur histoire.