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Au Spiritain Riant

Arté ose la série TV sur les curés

28 Février 2016 , Rédigé par Tristan Publié dans #Billet d'humeur

Arté ose la série TV sur les curés

Je viens de terminer le visionnage de la série télévisée "Ainsi soient-ils" produite et diffusée par Arté (2012-2015). En surfant sur internet, on voit ça et là des critiques plus ou moins constructives sur cette série TV.

Avant de vous dire ce que j’en pense, voilà de quoi ça parle. Septembre 2011, Paris. Cinq jeunes candidats à la prêtrise sont sur le point de changer radicalement de vie. En entrant au Séminaire des Capucins, ils vont apprendre à suivre la voie de Dieu et devenir ses ministres. D’où viennent-ils ? Quelles expériences de joie, de douleurs ont-ils vécu ? Autant de questions qui hantent le Père Fromenger, directeur légendaire du Séminaire, et son dévoué bras droit, le Père Bosco, lorsqu'ils accueillent José, Raphaël, Yann, Guillaume et Emmanuel dans leur nouveau monde.

Arté ose la série TV sur les curés

Première saison


Pour

  • - Les questions de foi, les questions de vocations sont très réalistes
  • - Les histoires de tentations (retourner dans le monde, amour avec un autre séminariste, amour d'une femme)
  • - Les célébrations et les temps de prière sont très fidèles à la réalité
  • - La réaction des parents du jeune est tout à fait réaliste en particulier ceux de Guillaume.

Contre

  • - Le chargé de communication n'est absolument pas crédible. On dirait un pro et dans notre église des gars comme ça c'est rarissime.
  • - L'évêque prenant les décisions à la vite sur un coup de tête n'est pas crédible. Il existe un conseil presbytéral pour aider l'évêque. C'est évident qu'il doit y en avoir certains qui prennent des décisions à chaud, sans réfléchir mais c'est bien rare car ils sont formés à se maîtriser.
  • - Certaines manières ou réflexions des séminaristes sont un peu niaises.
  • - L'évêque est habillé en soutane avec une ceinture rouge (signe qu'il est cardinal). Mais dans la vie de tous les jours les évêques ne portent pas cette tenue. Habituellement c'est costume cravate ou bien clergyman.
  • - L'histoire du dessous de table du P. Fromenger. Un peu gros je trouve, ce n’est pas vraiment crédible.
  • - Le pape est toujours assis. Les trois derniers papes étaient peu assis et ils ne recevaient pas comme des monarques.
Arté ose la série TV sur les curés

Deuxième saison


Pour

  • L’évêque débordé par sa charge. C’est crédible. J’ai connu un évêque comme cela.
  • Cette deuxième saison nous montre que derrière l’église-institution, il y a des hommes.
  • Quelques pressions psychologiques sur les séminaristes. Ça me rappelle le bon vieux temps. Hihihihi.

Contre

  • Les conseillers de l’évêque ressemblent plus à des conspirateurs et les manipulateurs qu’à des prêtres ayant le gout de servir les autres.
  • Monseigneur de Virieux en intriguant.
  • Monseigneur Poileaux est présenté comme un homme humble, doux et très croyant (jusqu’à la niaiserie). Plus on avance dans la saison et plus il devient cynique et froid.
  • Cette saison se focalise avec un peu trop d’insistance sur les failles affectives et sexuelles des séminaristes.
  • Il y a beaucoup de tractation du style « vous le méritez ». Personnellement, je n’ai jamais vu cela.
  • Le président de la Conférence des Évêques de France convoque les évêques n’est pas crédible tout simplement car il n’a aucun pouvoir sur ses confrères. Seul le nonce a le privilège de convoquer un évêque (au nom du Pape bien évidement).
  • L’immeuble supposé de la Conférence des Évêques de France est en réalité le Palais d’Iéna, siège du Conseil Économique Social et Environnemental qui a servi de décor. Il est bien plus majestueux que le véritable siège de la CEF.
  • À la fin de cette saison, on a l’impression d’une église crépusculaire.
Arté ose la série TV sur les curés

Troisième saison

Pour

  • Le point de vue Sivka est intéressant.
  • Le chantage affectif de la communauté est pas mal vu. Ça arrive quelques fois qu’on devienne prisonnier des paroissiens.
  • Le monde réel est mis en opposition face au monde de l’Église. Effectivement de temps en temps on rencontre des prêtres complètement déconnectés de la réalité et de notre société en mutation.

Contre

  • Les deux jeunes prêtres à l’arrêt de la gare qui ne se sert pas la main et qui ne s’adressent pas la parole. Impossible. Automatiquement nous nous serions parlé.
  • L’ancien responsable du séminaire des Capucins parle d’infiltrer le Vatican. Lui qui avait été présenté comme un homme intègre, on ne comprend pas bien. Et puis le vocabulaire est celui de la police ou d’un groupe terroriste pas celui d’un prêtre.
  • Les laïcs qui entourent Delsarte paraissent étranges.
  • Il y a du sexe à tous les étages : Avec une femme, avec un homme, avec des enfants (pédophilie), avec une religieuse. Trop c’est trop.
  • Le monde réel est mis en opposition face au monde de l’Église. L’Eglise n’est pas toujours aussi éloignée des réalités. Beaucoup de prêtres mais aussi de laïcs sont en prise directe avec les problèmes économiques et sociaux.
  • La nomination du pape au conclave est une aberration. En effet, aucun journaliste, aucun attaché de presse, n’est autorisé à pénétrer là où ont lieu les débats. Donc tout est pure conjecture. Et là encore la série se fourvoie dans le film thriller.
  • On ne nous montre que des prêtres brisés, qui ne croient plus en rien. Extrait : « Ce sont des raisons d’espérer dont nous avons besoin, des raisons de vivre. » (…) « Qu’est-ce que vous croyez ? Je n’ai fait que ça, depuis le début, mais je sais bien qu’au fond ça ne sert à rien. »

Au final

  • Je voudrais d’abord saluer l’initiative d’ARTE. En effet, la télévision est inondée de sitcoms ou de séries policières ou judiciaires. Il est donc courageux de lancer une série qui sorte des sentiers battus. De plus, la série est de très bonne qualité : les images, les décors, et surtout l’interprétation des acteurs.
  • Personnellement, j’ai trouvé l'idée très originale. Elle permet de découvrir, dans une certaine mesure, la réalité des séminaires, de la vocation et du travail de prêtre. Les producteurs nous montrent que les séminaristes ne vivent pas seulement en vase clos, le nez dans les bouquins ou à prier toute la journée à la chapelle. Ils partent en stage dans des paroisses pour découvrir la pastorale concrètement. Ils se lancent dans le caritatif ou même la musique. Comme tous les jeunes, ils font la fête, ils ont des rêves mais sont également confrontés aux problèmes du monde : pauvreté, détresse humaine, rejetés à cause de préjugés.
  • La série relève aussi quelques dysfonctionnements très justes. Une certaine perversité de la charité, utilisée comme moyen de pression. Des paroissiens plus à cheval sur la liturgie que sur la foi elle-même. La solitude de certains prêtres.
  • Cependant, cette série pèche par certains travers du à son genre. En effet, on nous montre une église ou il y a les bons d’un côté et les méchants de l’autre. Pourtant dans la réalité, les choses ne sont pas si simples. Un séminariste ou un prêtre peut être pénétré de bons sentiments (justice, fidélité, charité) et par des sentiments moins sympathiques (jalousie, recherche du pouvoir, manque de tact). Cela n’est pas bien rendu.
  • Autre péché, celui de l’audimat. Et pour faire de l’audimat il faut que ce soit bien crapuleux (scènes de sexe, de trahisons, de complots, etc). On sent qu’Arté cherche à surfer sur ce qui marche, quitte à pousser le bouchon un peu loin et à frôler la science-fiction.
  • Les questions qui fâchent, sont évidemment au rendez-vous (avortement, homosexualité, pédophilie mais aussi argent et pouvoir). Ce n’est pas un mal bien entendu. Cependant, les producteurs auraient pu en faire un autre traitement. Au lieu de nous présenter cela comme une sorte de vaudeville, ils auraient pu mettre cela en question. Pourquoi le célibat ? Qu’est-ce qui sous-tend la position de l’Église sur l’avortement et l’homosexualité ? Aucune réflexion et aucune prise de distance.
  • Enfin, et c’est vraiment agaçant, Arté n’évite pas le poncif des fameux "secrets du Vatican". Alors une bonne fois pour toute, il n’y a pas de secret ou de complot. Laissons cela à Dan Brown et à son « Da Vinci code ». Dommage que la série se soit donc fourvoyer sur ce chemin.

Mais au final, n’oublions pas que tout ceci n’est qu’une fiction. Même si le scénario, par moment, est bien proche de la réalité, ce n’est pas un documentaire. Alors ne demandons pas à « Ainsi soient-ils » d’être exhaustif et authentique, car après tout ce n’est qu’une série TV pour se détendre. Amen !

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J
Merci mon Père pour cette analyse si pertinente. Pour ma part, une scène m'a étonné, sinon choqué : c'est celle où on voit le P. Fromenger danser avec une religieuse. Sinon, j'ai été content de voir autre chose à l'écran que les habituels policiers et trafiquants !
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